Mise en place de la part modulable REP+ une rémunération collective et inégalitaire

Une part modulable de la prime REP+ est mise en place à compter de l’année scolaire 2021-2022. Cette part modulable s’ajoute à la part fixe jusqu’ici perçue.

Si le montant de cette part modulable est identique pour l’ensemble des personnels d’un même établissement, elle diffère en fonction du réseau d’éducation prioritaire dans lequel ils sont affectés.

Conformément aux textes réglementaires, l’académie va en effet procéder à un classement des établissements :

– dans 25 % des établissements REP+, les personnels percevront une part modulable de 200 euros nets par an ;

– dans 50 % des établissements REP + les personnels percevront une part modulable de 360 euros nets par an ;

– dans 25 % des établissements REP + les personnels percevront une part modulable de 600 euros nets par an.

Pour cette première année de mise en œuvre, à titre transitoire, l’évaluation de « l’engagement professionnel » porte sur la période de juillet à décembre 2021.

Il sera tenu compte de  : « l’investissement dans les dispositifs d’accompagnement des élèves »  qui ont été mis en place « pendant les vacances scolaires et à la rentrée pour réduire les effets de la crise sanitaire »*.

Quels sont les critères retenus dans le cadre de la circulaire du 30 juin 2021?

Seront évalués « la continuité pédagogique, les dispositifs d’accompagnement des élèves et de lutte contre le décrochage dans le contexte de la crise sanitaire, par exemple, dans le cadre de la participation à Vacances apprenantes/École ouverte, aux Stages de réussite, à Devoirs faits, aux Cordées de la réussite, etc. » 

Tous les personnels des établissements REP + percevront la prime modulable à hauteur de 200 euros sur la paye de février. Le rectorat dévoilera au mois de mars le classement des établissements REP +. La part modulable sera donc abondée dans les établissements où elle aura été portée à 360 euros ou à 600 euros.

A compter de l’année scolaire 2022-2023, la période d’évaluation couvrira l’ensemble de l’année scolaire avec une mise en paiement au terme de l’année scolaire, au plus tard au mois d’août.

Pour les années qui suivent, l’engagement collectif des personnels sera évalué en tenant compte de : « l’amélioration du climat scolaire » (formalisation de règles de vie pour le vivre ensemble, prévention et traitement de la violence, suivi de l’absentéisme),  du  « déploiement des dispositifs d’égalité des chances, d’alliances éducatives et de soutien à la parentalité » (accompagnement individualisé des élèves et continuité pédagogique, organisation de réunions régulières et rencontres individuelles afin de permettre aux familles d’échanger avec les professeurs…) , de la « mise en œuvre des temps collectifs et de concertation » (animation et/ou concertation aux conseils de cycle 3 et conseils école-collège, organisations de rencontres inter-degré).

Comme on pourra le constater, les critères retenus ont peu à voir avec la mission d’enseignement et la transmission des connaissances, et s’appuient sur le volontariat des familles à inscrire leurs enfants dans ces dispositifs.

En effet, la majorité des critères invitent clairement à « dépasser » le cadre réglementaire et les obligations de service : organisations de réunions et rencontres régulières avec les familles, plan de formation spécifique, coopération avec les élus et les associations…

L’attribution de l’indemnité maximale a pour corollaire un alourdissement du temps de travail des personnels.

La part modulable constitue une forme de management dont l’objectif est de mettre en concurrence les établissements d’une même académie et d’un même département. Ce dispositif est une potentielle source de division entre les personnels. Certains pourraient reprocher à d’autres leur refus d’entrer dans des dispositifs auxquels ils n’adhèrent pas. Ces collègues pourraient être tenus responsables du classement de leur établissement au niveau le moins élevé pour le versement de la prime ou d’une éventuelle diminution de la part modulable jusqu’alors attribuée.

La prime collective REP+ instaurée par le ministre apparaît avant tout comme un outil managérial local fondé sur la performance, pour imposer aux personnels le projet local de l’école, de l’établissement ou du «territoire».

FO s’oppose au principe des parts variables, processus d’individualisation des carrières, et revendique l’augmentation de l’indemnité à parts égales, en commençant par pallier les injustices actuelles concernant les personnels exclus (AESH, AED, notamment).

FO rappelle la revendication de l’augmentation du point d’indice bloqué depuis plusieurs années et non la multiplication des primes qui individualisent les rémunérations et qui sont très peu prises en compte pour le calcul des pensions de retraite.

A l’heure où toutes les contre réformes engagées visent à nous mettre en concurrence les uns les autres (part modulable, PPCR, expérimentation Macron…) il est important de vous alerter sur cette situation. Chaque enseignant en REP+ est quotidiennement investi dans son école et ne doit pas justifier le versement d’une prime modulable.

*les citations sont tirées de la circulaire du 30 juin 2021 (bulletin officiel du 1er juillet 2021)