Compte rendu du CDEN carte scolaire

Le mercredi 5 juillet s’est tenu le CDEN concernant les mesures d’ajustements de carte scolaire.

Nous rappelons que toutes les organisations syndicales avaient voté contre au CDEN en février.

Notre déclaration:

Monsieur le Préfet, Monsieur le Directeur Académique, Mesdames et messieurs les membres du CDEN,

Tout d’abord, permettez-moi un mot sur la situation après la mort du jeune Nahel, tué par un policier. Comme Nahel, nombre de jeunes qui se révoltent sont nos élèves. Nous faisons nôtre la déclaration des instances nationales de notre fédération le 30 juin qui rappelle les revendications: ce drame est l’expression violente d’une situation sociale et d’une dérive autoritaire qui ne cessent de s’aggraver depuis plusieurs années et dont Macron et son gouvernement portent l’entière responsabilité. Nous connaissons tous les discours disant que les syndicats sont dépassés, qu’il faut en finir avec les statuts. Plus que jamais, nous estimons que les syndicats doivent être entendus et respectés, seule garantie pour que le pays ne plonge pas dans la barbarie. A se figer dans l’escalade répressive, la liquidation des services publics et de l’Ecole en particulier, le gouvernement génère le chaos. Il doit abroger la loi sur les retraites, mais également le SNU, Parcoursup, rétablir les services publics, arrêter les fermetures de classes et toutes les mesures qui détruisent le droit à l’instruction et aux qualifications, et ouvrir de vraies négociations avec les syndicats, en particulier avec FO qui a de nombreuses revendications.

La carte scolaire que nous étudions aujourd’hui est frappée du sceau des 1117 postes supprimés dans le 1er degré. Cela se traduit à la rentrée dans le 34 par seulement 22 postes, alors qu’il y en avait 69 l’an dernier. Vous nous avez dit devoir « fermer étant donné les 22 postes ». Ce n’est pas entendable au regard de l’épuisement des personnels. Tous les jours nous devons nous « débattre » avec la pénurie des moyens et des personnels, menaçant la sécurité des personnels et des élèves, privant les élèves d’enseignement parce qu’il n’y a pas de remplaçant. Combien de journées non remplacées cette année ? Vous refusez de répondre à cette question Monsieur le Directeur Académique. A l’école, tous les jours, des élèves sont renvoyés chez eux ou répartis dans les autres classes au mépris de leur droit à l’enseignement. Pour les personnels, l’accueil d’élèves supplémentaires dégrade les conditions de travail. C’est ainsi que le non remplacement est rendu invisible dans le 1er degré.

Alors que de nombreux collègues sont en arrêt de travail en raison des ravages de l’inclusion systématique, le Président Macron annonce aller plus loin dans la catastrophe en imposant la dissolution des établissements médico-sociaux dans les établissements scolaires, celle des personnels RASED accompagnant les collègues et non plus les élèves, en remettant en cause l’enseignement spécialisé et les missions des AESH avec la création d’un métier « d’accompagnant à la réussite éducative » issu de la fusion des AESH et AED. Ces mesures destructrices concernent tous les personnels. Elles s’en prennent à l’école de la République et aux élèves les plus fragiles. Combien d’enfants stationnent pendant plusieurs années sur les listes d’attentes des IME et ITEP, privés des soins pluridisciplinaires dont ils ont besoin, privés des possibilités futures de progression que les prises en charge précoces et globales permettent? Monsieur le Préfet, depuis le mois de mars, vous n’avez pas répondu à la demande d’audience de personnels de l’éducation nationale pour vous alerter sur les conséquences graves de cette situation et vous demander de débloquer en urgence des places en établissements médico-sociaux pour ces enfants. Force ouvrière dénonce cette barbarie, ce charabia de l’inclusion qui sert à couvrir les restrictions budgétaires et réaffirme le droit des élèves à bénéficier d’un enseignement adapté, en milieu ordinaire lorsque c’est possible et en établissement spécialisé lorsque c’est nécessaire. Pour les AESH, nous exigeons un statut, un vrai salaire et l’abandon des PIAL.

Vous avez d’ores et déjà recruté 35 contractuels, alors que les candidats aux concours inscrits sur les listes complémentaires n’ont pas été appelés dans leur totalité et que des titulaires n’ont pas encore été affectés. C’est inacceptable. En effet, puisque les besoins existent, pourquoi ne pas recruter en priorité et immédiatement les candidats qui ont préparé le concours ? Pourquoi en recruter 70 sur 84 et en laisser 14 dans l’expectative jusqu’à la rentrée ? Interrogé vendredi par notre fédération, le ministère confirme avoir autorisé les rectorats à recruter la totalité des listes complémentaires. Nous vous demandons d’appliquer cette consigne et de les affecter immédiatement. Nous vous demandons de ré-abonder ces listes complémentaires à hauteur des besoins, ne plus recruter de contractuels tant que ce réabondement n’aura pas été réalisé.

Revenons à ces contractuels que vous avez affecté sur des postes de remplacants pour 20 d’entre eux et sur des GS dédoublées, pour les 14 autres, en situation de co enseignement. Ignorez vous que la fonction de remplaçant requière la maîtrise de compétences professionnelles au même titre que les enseignants chargés de classe ? Vous avez annoncé en CSA que ces contractuels auraient une formation fin août, et que par conséquent, les titulaires chargés de co-enseigner avec eux ne seraient pas leurs tuteurs. Méconnaissez vous à ce point le haut degré de qualification et le travail nécessaire pour enseigner en maternelle, pour co-enseigner, qui plus est en REP+ ? Ces décisions vont mettre en difficulté les équipes et les élèves, alors qu’il est urgent de garantir à tous les personnels des conditions de travail acceptables à la rentrée.

L’École est toujours debout grâce aux équipes sur le terrain qui pallient les manques créés par le gouvernement. La FNEC FP FO refuse cette saignée, revendique l’annulation des fermetures, des suppressions de postes, exige le recrutement de tous les personnels inscrits sur listes principales et complémentaires, la mise en place de concours exceptionnels si nécessaire, le recrutement à hauteur des besoins de psychologues scolaires, d’enseignants spécialisés, d’AESH, d’AED, de CPE, de personnels administratifs, d’infirmières et de médecins scolaires.

Dans la continuité des gouvernements successifs, le gouvernement Macron-Blanquer-Ndiaye s’est attaqué au Statut et au cadre national de l’École avec le « Pacte », la loi de transformation de la Fonction publique, la loi Blanquer, le Grenelle de l’Éducation, l’expérimentation Marseillaise généralisée à travers le Conseil National de la Refondation, les appels à projets NEFLE. Ainsi à Montpellier, la municipalité entend s’immiscer dans l’enseignement et « accompagner les enseignants » en offrant des subventions à des associations et des écoles afin de promouvoir la « valeur » laïcité. La laïcité n’est pas une valeur, c’est un principe qui doit s’appliquer. Défendre la laïcité c’est agir pour le retour à la loi de 1905 qui implique par exemple de donner tous les fonds publics à la seule Ecole publique et d’abroger toutes les lois anti-laïques en commençant par la loi Debré de 1959. Ce n’est pas à la mairie de dire aux enseignants, qui appartiennent à la fonction publique d’État, ce qu’ils doivent enseigner. La FNEC FP-FO s’oppose à la municipalisation de l’école. Celle-ci doit rester en dehors de l’influence des élus, c’est pourquoi FO demande le retrait de cet appel à projet.

Avec 1,5% d’augmentation de la valeur du point d’indice, les fonctionnaires sont bien moins lotis que le budget militaire qui lui a augmenté de 40% pour être porté à 413 milliards : dans notre pays, mieux vaut fabriquer des bombes que d’enseigner à des élèves ou soigner des malades ! Cette aumône est elle aussi une provocation au moment où le « pacte » est agité devant les collègues. Le ministre Ndiaye pense contraindre les personnels pris à la gorge par l’effondrement de leur pouvoir d’achat à s’engager dans un dispositif remettant en cause leur statut et visant à les opposer les uns aux autres. La FNEC FP-FO dénonce ce chantage odieux qui place d’ailleurs une nouvelle fois les directeurs et personnels de direction en première ligne. Alors que le ministère lui-même indique sur son site que les professeurs travaillent en moyenne 43 à 44 heures par semaine, il a le cynisme de demander aux enseignants d’en faire plus ! Nous refusons la logique du « travailler plus pour perdre moins » et revendiquons le retrait du « pacte » Ndiaye.

Tout comme la réforme des retraites, ce « pacte » a été rejeté par la totalité des organisations syndicales, et nous nous en félicitons.

La FNEC FP-FO revendique une augmentation de 10% de la valeur du point d’indice tout de suite, et l’ouverture de négociations pour obtenir l’augmentation de 25% de la valeur du point d’indice, correspondant au rattrapage des pertes de pouvoir d’achat cumulées depuis 2000. Nous revendiquons le retour au cadre national de l’école publique, l’arrêt des profilages des postes, le maintien du statut général de fonctionnaire et les statuts particuliers.

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