Inclusion systématique : la FAQ ! (Foire Aux Questions)

Face aux nombreuses interrogations des collègues, mais également des parents d’élèves, et parfois même des journalistes, le SNUDI FO 34 a décidé de répondre pour que chacun puisse comprendre les enjeux pour l’école publique.

Nous invitons nos collègues à la faire connaitre dans les écoles, mais également auprès des parents d’élèves.

« Est ce que dire non à l’inclusion systématique et forcée, c’est rejeter les élèves en situation de handicap ? »

Non, c’est au contraire défendre le droit de ces enfants à bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire (médicale, paramédicale, éducative, pédagogique et sociale) dans un environnement protégé. Plus cette prise en charge est précoce, plus la récupération d’une partie des fonctions cognitives peut se réaliser, améliorant ainsi leurs capacités de communication et par conséquent leur vie sociale, ainsi que celle de leurs familles.

« Est ce que dire non à l’inclusion systématique et forcée, c’est être contre l’inclusion scolaire ? »

Non, c’est au contraire défendre une inclusion pensée à partir des besoins de l’élève, qui peuvent varier dans le temps. C’est vouloir l’inclusion en classe ordinaire à chaque fois que c’est possible, en ajustant au millimètre le temps scolaire et les prises en charge médicales et/ou paramédicales, éducatives, et permettre une prise en charge en établissement spécialisé à chaque fois que c’est nécessaire et notifié par la MDPH.

« Il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’inclusion. À FO nous sommes pour que chaque élève en situation de handicap, chaque élève en difficulté, chaque élève avec un besoin particulier reçoive des conditions d’apprentissage adaptées à sa situation particulière. Les solutions ne peuvent être qu’individuelles parce que les difficultés, les handicaps sont individuels. L’inclusion ne peut être faite qu’au cas par cas, quoi qu’il en coûte. Or les gouvernements font exactement le contraire » F. Volle, secrétaire général du SNUDI FO.

« En quoi consistent les établissements spécialisés ? »

Les établissements du secteur médico-éducatif sont reconnus comme établissements d’enseignement. Ils assurent à la fois la scolarisation et la compensation du handicap, par un accompagnement médical ou médico-social. (Code ASF L312-1 -1, 2°).Plus de 50 % d’entre eux sont des IME, Instituts médico-éducatifs, es autres établissements se répartissent en ITEP, Instituts Thérapeutiques, Éducatifs et Pédagogiques, en IEM, Instituts d’Education motrice, en Etablissements pour Enfants Polyhandicapés… Il existe aussi différentes formes d’Instituts, notamment pour les sourds et les malentendants, pour les aveugles et les malvoyants. A l’intérieur il y a des unités d’enseignement et des enseignants spécialisés affectés par l’Education Nationale. La scolarisation est donc possible dans ces établissements. Sont également développés des parcours partagés, c’est à dire des inclusions scolaires individuelles dans les écoles ou établissements scolaires à proximité. Des projets et activités communes sont également organisés avec les structures culturelles et sportives de leurs secteurs.

« Le gouvernement explique que favoriser l’inclusion, c’est pour favoriser le bien être des élèves en situation de handicap, est-ce vraiment l’objectif ? »

Non, l’objectif est de réduire les coûts de scolarisation : en 2021, coût moyen annuel en établissement spécialisé : 47 600€ (source CNSA), coût moyen annuel en classe ordinaire : 7200€ (source INSEE). Un élève scolarisé dans des structures spécialisées coûte donc environ sept fois plus cher à l’État qu’un élève scolarisé dans une classe ordinaire. L’argument du bien être, de l’égalité des droits et des chances n’est donc qu’un prétexte destiné à couvrir le désengagement de l’Etat. La logique gouvernementale d’une inclusion scolaire systématique à marche forcée, au prétexte d’œuvrer pour le bien des élèves, n’est-elle pas en effet la même lorsqu’on nous présente les soins en ambulatoire comme une panacée alors même que l’hôpital public est en train d’être mis à mort ? Nous préfèrerions tous vieillir et mourir en bonne santé chez nous, personne n’aime aller à l’hôpital… Mais en prétendant répondre à nos peurs, nos rêves, nos vœux les plus chers, le gouvernement se livre en réalité à une odieuse manipulation qui n’a pour seul but que de masquer sa recherche forcenée du moindre coût, et au bout du compte, tout simplement, la destruction du service public.

« Les ministres de l’éducation expliquent que le problème, c’est le manque de formation des enseignants, qui ne sont pas capables d’accueillir certains élèves en situation de handicap ? »

Non, car au-delà d’un certain degré de handicap, voire de difficultés d’ordre psychologique, ni un enseignant, ni une AESH, aussi bien formés soient-ils ne pourront jamais remplacer un médecin, un psychologue ou un soignant spécialisé. La pédagogie ne remplacera jamais les soins. Par ailleurs, les chiffres sont éloquents concernant la formation des enseignants : en une vingtaine d’années, la formation des enseignants spécialisés est passée de 750 heures sur deux années, dont une sur le terrain, à 300 heures sur une seule année. Jusqu’en 2004, les enseignants spécialisés obtenaient un diplôme et partaient ensuite enseigner dans les établissements spécialisés, ITEP ou IME, ou dans les Rased (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), créés en 1990 mais dont les effectifs n’ont cessé de décroître, du fait des suppressions de postes.

« Le fait de placer certains des élèves en situation de handicap dans des établissements spécialisés, n’est-ce pas les isoler des autres enfants, ne pas les traiter à égalité ? »

Non, le but n’est pas de les isoler mais de leur permettre d’être pris en charge selon leurs besoins, avec une équipe pluri disciplinaire. C’est également les protéger de contraintes trop lourdes voire insupportables et qui vont aggraver ou générer des troubles supplémentaires. Prétendre que l’école ordinaire peut scolariser tous les enfants est un leurre, surfant sur le souhait légitime de chaque parent que son enfant aille à l’école comme tous les enfants. Mais qui se heurte parfois à la réalité, selon l’intensité du handicap de l’enfant. Il est alors nécessaire, dans l’intérêt de l’enfant, et afin de ne pas nier ses besoins individuels et sa vulnérabilité, de lui donner une place spéciale, spécifique, raccordée en permanence à la perspective de la meilleure vie sociale possible.

« Certaines familles sont favorables à l’inclusion, ne doit-on pas entendre leur volonté d’avoir leurs enfants à l’école avec les autres, sans distinction ? »

Oui, c’est une demande compréhensible, par définition, un parent et un professionnel ne porteront jamais tout à fait le même regard sur un enfant. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais lorsque le cadre scolaire, même aménagé profondément, génère et parfois accentue les manifestations de souffrance de l’enfant, que ces situations de crises ne parviennent pas à être diminuées, que l’enfant ne retire aucun ou très peu de bénéfice à sa scolarisation dans le milieu ordinaire, il devient nécessaire de proposer un autre cadre, ponctuellement ou plus durablement, afin d’aider l’enfant à évoluer de façon positive. Ne pas le faire c’est en réalité abandonner ces enfants et les priver de leurs droits.

« Pour les enfants, être scolarisé en établissement spécialisé, n’est-ce pas une perte de chance de pouvoir suivre un cursus classique et de pouvoir avoir accès à l’école dite « traditionnelle » ? »

Non, la perte de chance ne vient pas de la scolarisation en établissement spécialisé mais plutôt du manque de places, de postes et de personnels dans la santé, le médico social et l’éducation nationale. Les enfants en situation de handicap doivent pouvoir être suivis et pris en charge le plus tôt possible avec tous les moyens humains et techniques nécessaires afin de réduire l’impact de leurs restrictions d’autonomie, ce qui leur permettra d’accéder aux meilleures conditions de scolarisation et d’étude.

« Le gouvernement joue sur la culpabilisation : les enseignants rejetteraient les élèves en situation de handicap. Est-ce le cas ? »

Non, c’est une manipulation visant à couvrir le désengagement de l’Etat : en accusant les enseignants d’exclure les élèves en situation de handicap, le gouvernement tente de dissimuler la réalité : son école inclusive est une mascarade : quand un enfant griffe, mord, frappe, crache dans une classe, se fait lui-même saigner, il n’est pas inclus : sa souffrance, ses difficultés sont au contraire exposées publiquement et entraînent au mieux la distance, au pire le rejet. Quand la présence d’un enfant à l’école se résume à circuler dans les couloirs, la cour, les toilettes, sous la surveillance d’un AESH, ou bien à être enfermé dans une salle de « repli » avec 3 adultes pour le contenir, c’est de la maltraitance. Les enseignants sont ainsi contraints par le gouvernement et leur hiérarchie à participer involontairement à cette maltraitance. C’est cela qu’ils dénoncent, c’est cela qu’ils rejettent.

« Quel est l’avis de ANDEPHI, Association Nationale de Défense des Personnes Handicapées en Institution (IME, IMPRO, ESAT, MAS) ? »

« Le transfert de l’évaluation des enfants handicapés à des services du ministère de l’éducation nationale au détriment des MDPH ne doit pas être un moyen de réduire les diverses compensations auxquelles a droit un enfant handicapé. Il ne faudrait pas que, sous couvert d’une tendance à une inclusion totale, cela permette, de manière sournoise, de faire des économies sur les compensations que peut avoir, en toute légitimité, un enfant handicapé. Notre association, depuis des années, regrette que le mot inclusion utilisé systématiquement soit en fait un moyen pour faire des économies en s’enveloppant de bons sentiments. Qui peut être contre l’inclusion ?

Comment peut-on vouloir gommer une partie de la prise en charge assurée par les établissements spécialisés dans le domaine de l’inclusion ? Notre association se méfie du contexte libéral de notre société où les priorités sont définies, tout d’abord, financièrement. Penser qu’une désinstitutionalisation imposée réglera tous les problèmes de prise en charge est illusoire. Les plus handicapés seront encore une fois mis à l’écart. Il ne faudrait pas que cette volonté masque un souci permanent de faire des économies au sein d’une Europe libérale. Certes, l’amendement CRETON disparaîtra progressivement. Ce seront les familles qui prendront le relais, « à la maison », avec quelques services de prise en charge ponctuels. Ainsi, on pourra dire que tout le monde a une solution.

MANQUE DE SOLUTIONS DE PRISE EN CHARGE, DÉSINSTITUTIONALISATION SANS CONTENU A MARCHE FORCÉE, MANQUE IMPORTANT DE PERSONNEL, LES PARENTS SONT INQUIETS POUR L’AVENIR. »

« Combien d’élèves en attente de places en établissements spécialisés ? »

400 dans l’Hérault

23 000 sur l’ensemble du territoire

Quelles scolarisations par défaut sont mises en place pour eux ?

Une partie est scolarisée en Ulis, 2 à 3 environ par dispositif, souvent à temps partiel voire très partiel (2 à 3 h par semaine), parfois avec AESH. Certains sont également pris en charge par différents dispositifs complémentaires (Sessad, Pcpe, Ditep, Dime…)

Une autre partie est scolarisée en classe ordinaire avec ou sans AESH.

Une dernière partie est déscolarisée et se retrouve à domicile.

« Combien d’élèves en attente de place en Ulis ? »

90 dans l’Hérault

« Quelle scolarisation par défaut est mise en place pour eux ? »

Ces élèves sont scolarisés dans leur classe d’âge, du CP à la 3ème, parfois avec AESH, et dans des classes souvent surchargées.

« Comment se mobiliser ? »

Le SNUDI FO appelle à la grève le 25 janvier contre l’inclusion systématique, en défense de l’enseignement spécialisé et des AESH. Les parents peuvent nous rejoindre. Nous serons également en grève le 1er février avec d’autres organisations qui revendiquent, comme nous :

« – La défense de l’enseignement spécialisé et adapté, le maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux,

– Un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH, des recrutements d’AESH et de

moyens humains à hauteur des besoins,

– L’abandon des mesures prises dans le cadre de l’acte 2 de l’Ecole inclusive (statut d’emploi

d’ARE fusionnant les AESH et les AED, mise en place des pôles d’appui à la scolarité permettant

à l’Education nationale de mettre la main sur les notifications MDPH) et l’ouverture de

discussions avec les organisations syndicales sur la base des revendications des personnels. »