Une cinquantaine de personnels enseignants et AESH, de parents étaient rassemblés à l’appel de la FNEC FP FO afin de soutenir notre délégation et les milliers qui manifestaient à Paris contre l’acte 2 de l’école inclusive.
» Quelques mots au nom du SNUDI-FO 34. Un certain nombre de nos camarades sont absents, ayant pris le train ce matin, pour de bonnes raisons, vous l’avez compris. Merci à tous pour votre présence ici en soutien à la manifestation nationale qui dans quelques dizaines de minutes avec des milliers de participants enseignants, AESH, ATSEM, professionnels du médico-social, éducateurs spécialisés, parents, ira porter nos revendications sous les fenêtres de la ministre. Une délégation sera reçue.
L’inclusion systématique, forcée génère souffrance et maltraitance. Des situations ingérables se multiplient aujourd’hui.
Maltraitance pour les élèves en situation de handicap et leur famille, qui sont privés de conditions d’apprentissages adaptées, et se retrouvent en grande souffrance ou bien s’enfoncent dans leurs difficultés.
Maltraitance pour les autres élèves qui voient leurs enseignants et les AESH démunis, impuissants, et qui sont confrontés à des scènes effrayantes.
Maltraitance pour les AESH, les ATSEM, les enseignants qui sont culpabilisés, frappés, insultés, placés dans des dilemmes permanents: suivre l’élève qui s’enfuit ou rester avec le reste de la classe? Aider celui-ci en laissant cet autre se débrouiller? Laisser un élève hurler et jeter des objets en classe ou le faire sortir, mais avec quel adulte?
Pas un collègue ne peut aujourd’hui ignorer les conséquences de cette situation: vives tensions dans les classes, avec la hiérarchie, les parents parfois et au bout maladie ou accident de travail…
Redisons-le tout de suite: nous ne sommes évidemment pas contre l’inclusion, laquelle réalisée dans de bonnes conditions pour les élèves concernés, et les personnels enseignants et encadrant peut être positive.
Personne ici n’est pour une école « validiste », « ségrégationniste » ou je ne sais quel autre qualificatif caricatural.
A FO, nous sommes pour que chaque élève en situation de handicap, avec un besoin particulier, bénéficie de conditions d’apprentissage adaptées à sa situation particulière.
Les difficultés, les handicaps sont individuels, l’inclusion ne peut être faite qu’au cas par cas.
Nous ne sommes pas dupes des discours démagogiques la main sur le cœur, et l’autre sur le portefeuille. Une scolarisation en structure spécialisée a un coût 7 fois plus élevé qu’en milieu ordinaire.
La formation, le dévouement et la bonne volonté des enseignants, ATSEM ou AESH si elles sont nécessaires et avérées ne pourra jamais compenser l’absence de soins adaptés dont ces enfants sont ainsi privés.
Derrière la vitrine de l’école inclusive, l’inclusion systématique c’est la négation du handicap par la privation.
Dans notre département ce sont 400 places manquantes dans les ITEP, IME ou autres établissements spécialisés. Auxquelles s’ajoutent les 90 élèves en attente d’une place en Ulis.
L’ex-ministre Attal avait admis que nationalement ce sont 23 000 places qui manquent.
Non seulement le gouvernement ne prévoit pas d’améliorer la situation, mais l’acte 2 de l’école inclusive l’aggrave avec la liquidation des établissements spécialisés et les Pôles d’appui à la scolarité qui donnent la main à l’EN sur les notifications MDPH, (on comprend bien dans quel sens quand le payeur devient le prescripteur).
L’Association Nationale de Défense des Personnes Handicapées en Institution: (les familles qui sont en première ligne) ne s’y est pas trompée. Je vous livre son avis: « Le transfert de l’évaluation des enfants handicapés à des services du Ministère de l’Education Nationale au détriment des MDPH ne doit pas être un moyen de réduire les diverses compensations auxquelles a droit un enfant handicapé. Il ne faudrait pas que, sous couvert d’une tendance à une inclusion totale, cela permette, de manière sournoise, de
faire des économies sur les compensations que peut avoir en toute légitimité, un enfant handicapé. Notre association, depuis des années, regrette que le mot inclusion utilisé systématiquement soit en fait un moyen pour faire des économies en s’enveloppant de bons sentiments. Qui peut être contre l’inclusion? Comment peut-on vouloir gommer une partie de la prise en charge assurée par les établissements spécialisés dans le domaine de l’inclusion? Penser qu’une désinstitutionalisation imposée règlera tous les problèmes de prise en charge est illusoire. Les plus handicapés seront encore une fois mis à l’écart. Il
ne faudrait pas que cette volonté masque un souci permanent de faire des économies au sein d’une Europe libérale. » Et de conclure: « Manque de solutions de prise en charge, désinstitutionalisation sans contenu à marche forcée, manque important de personnel, les parents sont inquiets pour l’avenir. »
Face à cette situation, notre syndicat le Snudi-FO, avec sa fédération la FNEC-FP FO a pris ses responsabilités en n’ayant de cesse dans toutes les instances de dénoncer cette situation et réclamer les postes nécessaires.
Le 17 novembre nous avons organisé une conférence nationale regroupant 230 délégués de divers départements enseignants, AESH, professionnels de santé ou parents d’élèves concernés. Leurs témoignages montrent que cette situation intenable est générale dans tout le pays. Décision y a été prise d’organiser une manifestation nationale au ministère pour:
- la défense de l’enseignement spécialisé et adapté
- le maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et
médico-sociaux - un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH
- le retrait de l’acte2 de l’école inclusive et des Pôles d’Appui à la Scolarité.
C’est cette manifestation qui va se dérouler sous les fenêtres de la ministre dont on sait tous par ailleurs qu’elle est, elle pour l’inclusion, mais surtout celle de ses enfants dans une école privée traditionnelle qui pratique l’entre-soi élitiste.
On nous pose la question: pourquoi sur ces revendications aussi justes FO est-il tout seul?
Nous avons multiplié les invitations aux autres syndicats pour une démarche unitaire sur cette question. Cela a failli être acté avec certains. Mais si l’unité n’a pu se réaliser ce 25 janvier, en revanche il y a un appel unitaire inter-syndical à une journée de grève et de manifestations la semaine prochaine, le 1er février. Une AG premier degré est prévue le matin à la Maison des syndicats et une manifestation l’après-midi.
J’ajoute, comme vous pourrez le constater sur l’appel, que suite à notre intervention toutes
les revendications que nous défendons aujourd’hui y sont reprises.
Alors, si jusqu’à ce jour nous sommes engagés pour la réussite de notre manifestation au
ministère, nous le serons dès demain pour la réussite de la grève et des manifestations du
1er février. »