Mardi 10 octobre, cette réunion s’est tenue en présence de:
Elise Pillet 1école 1avenir (association parents d’élèves Montpellier)
Sophie Laplanche parent d’élève CESDA
Stéphanie Mondillon FCPE 34 (association parents d’élèves)
Claire Perrochia, orthophoniste, spécialisée TND
Nadine Meggiolaro enseignante spécialisée en IME
Monique Demante DDEN 34 et 1 école avenir
Salomé Ayral et Sabine Raynaud, enseignantes et représentantes SNUDI FO 34
Introduction (SNUDI FO 34) :
Pourquoi cette réunion ? Depuis plusieurs années, et depuis septembre constat très alarmant dans
les écoles : souffrance d’élèves notifiés IME ou ITEP ou Ulis sans places, sur liste d’attente pendant
plusieurs années : 490 dans le département, même situation dans toute la France. Souffrance des
autres élèves, des personnels enseignants, AESH, ATSEM confrontés à des crises effrayantes ou des
situations intenables. Volonté de réunir largement les parents, les professionnels hors éducation
nationale pour partager nos points de vue et préparer la conférence nationale du 17 novembre sur
l’inclusion, organisée par notre organisation syndicale, Force Ouvrière.
Tour de table:
1école 1avenir et DDEN: « beaucoup de souffrance des familles, augmentation de 80% des
demandes d’AESH par rapport à l’an dernier. Des petits CP qui voient un enfant d’Ulis se taper la
tête contre le mur à se faire saigner, c’était très violent. Les DDEN rapportent que sur 70 écoles,
aucune inclusion ne se passe bien. »
1école 1avenir : « les ATSEM disent qu’elles n’ont jamais eu autant d’enfants avec des
problématiques si lourdes, adultes et enfants frappés, qui fuguent ; les maternelles savent que rien
ne sera mis en place avant l’élémentaire ; cela complique le travail des enfants et des adultes. »
Parent : « maman d’un enfant malentendant suivi par le CESDA, établissement qui propose
différentes scolarités : des classes spécialisées avec des enseignants spécialisés, formation spéciale
sur la prise en charge des enfants sourds, qui reçoit des enfants d’autres régions, va disparaître,
l’internat aussi. Mon fils a eu une inclusion : ils étaient sortis de classe ordinaire sur certains temps,
avec un interprète en langue des signes. Ce que prépare le gouvernement, c’est de tous les
balancer dans les classes avec des interprètes. Mon fils oralise, mais nombreux sont ceux qui ne
peuvent pas, tous les enfants ne peuvent pas être inclus, ils ont besoin d’éducateurs en plus. Avant
le CESDA formait, depuis 4 ans la formation n’existe plus. Ca va être une catastrophe, un gros
retour en arrière, les enfants n’auront plus accès aux études. »
FCPE 34 : « l’enfance est en danger, c’est une maltraitance, depuis 20 ans ils vendent du rêve, de
l’illusion aux parents ; les exclusions, les conseils de disciplines se multiplient, c’est un jeu de
massacre pour tout le monde, ca ne peut plus durer. Limite de porter plainte contre le ministère
pour maltraitance. Et à partir de 16 ans ce n’est plus le problème de l’éducation nationale ; cette
réunion est un début et il faut que ca perdure. »
Orthophoniste : « dans mon cabinet 38 enfants en situation de handicap et 32 enfants TSA. Sur les
32, il n’y en a que 11 scolarisés à temps plein avec ou sans AESH. Parfois discours fallacieux en
équipe de suivi : scolarisation uniquement avec AESH, les parents le croient or c’est illégal ; 6 sur
32 ne sont scolarisés qu’à temps partiel, 3 sur 32 que 1h par jour ou pas du tout : ça ne sert à rien
sur les apprentissages ; les notifications ULIS sont respectées. Quand ils ont un AESH I, ils sont à
temps partiel ; Sur les 22 notifiés SESSAD, 8 ont une place ; Sur les 3 notifiés IME, aucun n’est en
IME, sont en ULIS (depuis 3 ou 4 ans). Ces enfants sont hors du système, beaucoup de mamans
seules, plaintes des voisins pour les cris, troubles du comportement. Alors à la maison, c’est devant
la télé, parents épuisés, jugés, plus d’amis, sont dans un cercle vicieux. L’allocation enfant
handicapé est insuffisante alors qu’ils ont besoin de soins : éducateur, psychomotricien,
psychologue… 50€ la séance ; il faudrait au moins 4h par semaine ; 400/500€ par mois pour payer
tout ca. Les enfants en situation irrégulière ont droit uniquement à l’orthophonie. En ESS tout le
monde se renvoie la balle, parle d’enfants en souffrance, et ils n’ont pas les soins qu’il faut. Ecole
privée très chère. Beaucoup de turn over dans les établissements, seule possibilité c’est le libéral.
On est peu à être formés pour les troubles sévères. »
Enseignante spécialisée en IME : « 2 poste d’enseignants spécialisés pour 90 jeunes : pas assez.
Maintenant c’est les classes externalisées, qui coûtent très cher , ils en ont ouvert 3. Problème de
la liste d’attente : 80 jeunes par IME, du coup ils arrivent déjà âgés, alors que la prise en charge
doit être précoce. Problème du numérus clausus des orthophonistes, on en manque. Problème des
formations : on connait pas toutes les pathologies, mais on a que des formations collectives plus
rien d’individuel, je me forme toute seule. Il nous faut une formation sur la dyspraxie, sur
l’autisme, 10 ans qu’on en a pas eu. En ESS, j’essaie de favoriser les parcours partagés. Pour parer
au manque de places, ils ont fait l’accueil partiel : le DAME : on l’accueille un petit peu, comme ca ils
sont pris en charge. Projet Serafin : plus de prix de journée, tarification à l’acte: exemple pour un
jeune accueilli en situation critique, 1h de classe, 1h d’orthophonie, on va faire une fiche de temps,
qui va décider de cà ? Y a plus de pédopsychiatre.»
Orthophoniste : « Dans les SESSAD il n’y a plus d’ortho, on est payé à l’acte, conventionné, 3 voire 2
séances seulement par semaine alors qu’il en faudrait 4. Les taxis ne sont plus pris en charge
quand ils rentrent en SESSAD. Discours du ministère de la Santé : « le nombre de soignants appelle
le soin ». Continuum entre la Santé et l’Education Nationale. On est débordés par des demandes
de parents sans pathologie apparente, de bilans pour les aménagements. Pas assez de psychiatres
formés au TND (troubles du Neuro Développement). »
SNUDI FO 34 : « On est tous mis sous tension par cette école inclusive : enfants, parents et
professionnels. On constate chacun que le manque de places en établissements spécialisés, la
mutualisation des AESH entraine des situations désastreuses. Le point de départ c’est la loi
Montchamp de 2005, inclusion systématique de tous les enfants à l’école, sous couverts de bons
sentiments c’est une logique économique de réduction des budgets dédiés à la prise en charge du
handicap, le processus en cours c’est que l’école puisse à elle seule répondre à tous les besoins
particuliers des élèves. Pour cela il faut des étapes : c’était l’acte 1, les AESH, puis les PIAL, et
maintenant c’est l’acte 2, annoncé par Macron et confirmé par le ministre ATTAL en septembre.
Mise en œuvre d’ci 2027 de plusieurs mesures dont :
Confier la responsabilité de la réponse de premier niveau à l’éducation nationale
fermeture des établissements médico-sociaux qui seraient dissous dans les établissements
scolaires (transformation en plateformes, IME au sein des écoles. équipes mobiles..)
remise en cause du nombre d’AESH qui serait trop élevé et qui empêcheraient l’autonomie
des élèves,
fusion des AESH et AED dans un nouveau cadre d’emploi ARE (Assistant de Réussite
Educative),
transformation des PIAL en PAS (Pôles d’Appui à la Scolarité) qui deviendraient les premiers
interlocuteurs des parents, avant la MDPH, seraient un regroupement de plusieurs PIAL.
C’est à ce niveau du PAS que « l’aide humaine » serait attribuée ou non. La MDPH serait un
ultime recours pour les parents insatisfaits des réponse du PAS.
mise en place de référents EBEP (élèves à besoins particuliers) chargés de coordonner les
interventions et coacher les personnels. Déjà en cours au travers d’une des missions du
« pacte », sert à se passer d’enseignants spécialisés. »
formation
Enseignante spécialisée en IME : « ils veulent faire une école inclusive dans une société qui n’est
pas inclusive. »
Orthophoniste : «avec les PAS, problème du secret médical, mais qui est déjà souvent bafoué . »
SNUDI FO 34 : « Avec l’acte 2 la situation catastrophique actuelle va s’aggraver. Notre conférence
nationale est faite pour rendre visible la réalité intenable de l’inclusion scolaire, pour y envoyer des
délégations venus de nombreux départements, qu’elle soit suffisamment diverse avec des parents,
des professionnels de secteurs différents, afin de chercher ensemble et de décider de ce qu’on fait
pour bloquer ce processus,obtenir ce qu’on réclame, c’est à dire des places et des postes
nécessaires pour assurer les soins, l’enseignement spécialisé, et l’enseignement tout court.
Pourquoi pas quelque chose en direction du ministère ? Ici dans le 34, on a fait un formulaire de
recueil de témoignages sur notre site internet, qui est ouvert à tous, enseignant, AESH, parent,
professionnel d’autres secteur, afin de fournir les éléments à notre délégation, et également
pourquoi pas de décider d’une initiative locale. Nous vous invitons à le remplir, à le faire connaître.
La conférence se tiendra sur une journée, à Paris, et c’est le SNUDI FO 34 qui financera les frais de
la délégation, avec ses moyens modestes, qui viennent des cotisations de ses adhérents. »
Nous avons décidé de nous réunir à nouveau en novembre.