La formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail (F3SCT) a pour mission de contribuer à l’amélioration des conditions de travail, la sécurité des agents au travail, la protection de la santé physique et la protection de la santé mentale.
A l’ordre du jour figurait notamment le suivi des signalements dans les Registres Santé et Sécurité au Travail.
Notre déclaration:
Madame la DASEN, Mesdames, Messieurs,
Cette instance se tient deux jours après l’agression de personnels du collège Croix d’Argent, dont l’issue aurait pu être fatale. Depuis plusieurs années, les personnels de cet établissement font état d’un encadrement insuffisant des élèves. Leurs demandes n’ont été jusqu’alors que très partiellement prises en compte.
Nous sommes par ailleurs de plus en plus frappés par l’ampleur de la souffrance exprimée par nos collègues dans le registre SST. Frappés également par la nature des problèmes. Les élèves à besoins spécifiques, notifiés ou en attente de l’être, sont à la source, selon notre décompte, de près de 40 % des signalements : « tentative d’étranglement, morsures, griffures, cris incessants, vertèbre déplacée, visage tuméfié, … ».
L’inclusion systématique, parée de bonnes intentions, génère dans bien des cas une maltraitance vis-à-vis des élèves en question, des personnels et des familles. Le coût humain d’un tel aveuglement institutionnel est exorbitant :
- Pour les personnels : culpabilisation, arrêts maladie, accident de travail, perte de sens, démission ;
- Pour les élèves notifiés IME/ITEP : privation de soins, scolarisation inadéquate ;
- Pour les autres élèves : dégradation du « climat scolaire », des conditions d’apprentissage, baisse du niveau, fuite dans le privé.
La prise en charge de ces situations par l’Éducation Nationale nous fait bien souvent l’effet d’un pansement sur une jambe de bois. Pour quelques cas résolus, combien sont déplacés voire aggravés par l’obstination institutionnelle ? Il est en effet illusoire de penser que quelques interventions ponctuelles (EMAS, EDAI, DTEI) peuvent se substituer à des structures adaptées.
La formation spécialisée, par son fonctionnement et ses orientations, ne prend pas la mesure de l’ampleur de la gravité des situations rapportées dans les fiches et s’oriente vers des problématiques statistiquement très minoritaires (ambiance thermique). Cela nous fait l’effet de l’arbre qui cache la forêt. Il est urgent de stopper la détresse causée dans de très nombreux établissements par l’inclusion systématique.
Côté budgétaire, c’est la disparition programmée des RASED, des IME et des ITEP. A l’appui de cette politique, un mythe : scolariser tous les élèves dans des conditions identiques, « égalitaires ». Notons cependant une réussite, attestée par l’enquête PISA, avec une réduction des inégalités en bonne voie. En effet, les élèves faibles stagnent tandis que le niveau des autres baisse,
Pour stopper cette maltraitance généralisée, nous demandons :
- Le retrait de l’acte 2 de l’école inclusive et de l’article 53 du projet de loi de finance créant les PAS ;
- L’ouverture en urgence de 400 places en IME et ITEP et de 90 places en ULIS dans l’Hérault ;
- La création des postes d’enseignants spécialisés nécessaires à ces ouvertures et à la restauration de RASED complets ;
- Un statut de fonctionnaire et un salaire décent pour les AESH ;
- L’abandon des PIAL ;
- Le recrutement des AESH qui manquent pour répondre à toutes les notifications et permettre à tous les élèves en situation de handicap de bénéficier d’un accompagnement à la hauteur de leurs besoins.